Le taux fixe a le vent en poupe - Creand
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Le taux fixe a le vent en poupe

En ce début de mois de septembre, les regards sont braqués sur la décision de la BCE et de la Réserve fédérale, dont les réunions se tiendront respectivement les 12 et 18 septembre. Avec la décélération de l’inflation et des perspectives de croissance plus faibles (l’accent étant particulièrement mis sur le marché du travail aux États-Unis), les investisseurs sont de plus en plus convaincus que ces deux banques centrales vont réduire leurs taux de référence. S’il y avait des doutes, lors de la traditionnelle réunion des banques centrales qui s’est tenue à Jackson Hole en août, Jerome Powell, le gouverneur de la Réserve fédérale, a déjà annoncé que le moment de l’ajustement de la politique monétaire était arrivé. La Réserve fédérale rejoindra ainsi la Banque d’Angleterre, la BCE, la Banque nationale suisse, la Banque du Canada et la Banque de la réserve de Nouvelle-Zélande, qui ont déjà commencé à réduire leurs taux.

Jusqu’à la fin de l’année, avec trois réunions prévues, le marché s’attend à ce que la Réserve fédérale les réduise de 1 % et la BCE de 0,6 %. C’est donc un ajustement rapide rapide qui est attendu. Nous verrons si les principales banques centrales s’y tiennent. Leur objectif sera d’éviter l’« erreur de politique ». Pour cela, elles devront se concentrer sur les données économiques publiées et accorder moins d’importance aux estimations futures.

Il sera essentiel d’analyser le message ultérieur qu’elles donneront sur la décision de politique monétaire. Jusqu’à maintenant, l’inflation a été la variable déterminante (et même la seule) pour les banques centrales, et il sera important de voir si la faiblesse économique sera maintenant prise en compte dans leurs décisions. Cela aura une incidence directe sur l’évolution des actifs risqués, car ce n’est pas pareil que les taux baissent parce que l’inflation est contrôlée, ce qui est cohérent avec ce qu’elles avaient maintenu durant ce cycle de hausse des taux, ou parce que l’économie est faible. C’est également pertinent pour le calcul du taux neutre, qui n’a pas d’effet de stimulation ou de restriction sur l’activité économique, mais qui sert de base pour essayer de connaître les attentes en matière de taux à long terme.

L’assouplissement de la politique monétaire attendue prochainement est un catalyseur pour les actifs obligataires, qui présentent toujours une rentabilité bien supérieure à la moyenne de la décennie précédente.

Une autre bonne nouvelle pour cette typologie d’actifs est qu’ils récupèrent leur rôle d’élément diversificateur et d’actif refuge. Ces dernières années, la relation traditionnelle selon laquelle le taux fixe apportait une couverture et compensait les pertes lorsque les actions chutaient n’a pas fonctionné. L’année 2022 a été particulièrement douloureuse à cause de la hausse de l’inflation, qui a obligé les banques centrales à augmenter leurs taux de manière rapide et agressive. Mais la corrélation entre ces actifs est actuellement à nouveau négative, et les titres obligataires offrent à nouveau une protection dans les moments où l’incertitude augmente. La première semaine d’août nous en donne un exemple : à cause de la clôture des opérations de carry trade (stratégie qui tire profit des différences entre les taux d’intérêt de deux devises) en raison de l’appréciation du yen, ainsi que des doutes sur la macro-économie américaine, de la déception relative aux résultats du secteur technologique (principalement en raison de la non-constatation du retour rapide de l’IA) et de l’augmentation du risque géopolitique au Moyen-Orient, les bourses se sont effondrées, mais les titres obligataires ont compensé cet effondrement. Ainsi, entre le 31 juillet et le 5 août de cette année, l’indice d’actions MSCI World a dégringolé de 6,4 % alors que l’indice de taux fixe Bloomberg Global-Aggregate Total Return a augmenté de 2,13 %.

Les titres obligataires se comportent très bien dans cet environnement et laissent également une marge qui permet leur revalorisation. Avec la baisse des taux et la récupération de leur élément diversificateur, les flux monétaires devraient continuer d’affluer de la part des sélecteurs d’actifs et des investisseurs qui cherchent un investissement plus défensif, en tenant compte des incertitudes géopolitiques et économiques, ainsi que des prochaines élections dans différents pays.

Rankia Pro 10.09.2024

Écrit par
Autor post
Josep Maria Pon
Directeur du revenu fixe et des actifs monétaires de Creand Asset Management en Andorre